Le vin sur le bout des doigts

Depuis 1996, le braille est présent sur les étiquettes de vins M. CHAPOUTIER. Quelles attentes pour ceux qui le lisent ?

Pour M. CHAPOUTIER, l’embossage du braille sur ses étiquettes de vin est un point extrêmement important. Le process de réalisation intègre une phase de contrôle laissée aux utilisateurs mal ou non voyants.
C’est donc l’association Valentin Haüy qui valide et corrige. Nous sommes allés à leur rencontre, au siège lyonnais de l’association, pour en savoir un peu plus…

Bureau en étage, ambiance studieuse : Jean-François, non-voyant depuis sa naissance, nous accueille.
Il est heureux de pouvoir lire les étiquettes : “Bien sûr que je peux toujours me faire aider par ma fille, mais c’est tellement agréable d’être autonome”. Amateur de vin, il peut grâce au braille classer les bouteilles dans sa cave et les retrouver facilement.
La version braille de l’étiquette ne peut contenir l’intégralité des informations imprimées. La taille des caractères gaufrés est standardisée.
Chez M. CHAPOUTIER, on privilégie le nom du vin, l’appellation, le millésime et la couleur : “C’est basique, mais l’indication de la couleur du vin serait un minimum sur toutes les bouteilles…” Puis Jean-François nous explique que pour une lisibilité maximale, il faut respecter les critères d’épaisseur du marquage dans le papier. “Sachant qu’on n’est pas tous pareils. La sensibilité au bout des doigts peut être altérée quand on est maçon ou agriculteur par exemple.”
Nous visitons l’imprimerie. La machine crache une série de feuilles immaculées. “La fin du tirage de Géo Magazine version braille. Vous voyez, là, c’est la légende de la photo qui accompagne l’article.”
Nous quittons l’équipe de l’association Valentin Haüy, mais juste avant de fermer la porte, sur un ton malicieux Jean-François nous fait une dernière confidence : “Vous savez quoi ? Boire ou conduire, moi j’ai choisi !”

Un hommage

Fondateur de l’association Valentin Haüy, Maurice Monier de la Sizeranne est l’inventeur de la première version de braille abrégé en 1882. Sa famille comptait parmi ses propriétés une parcelle située en Hermitage. Parcelle que la famille Chapoutier a racheté au début du XXe siècle. Le choix du braille sur les étiquettes des vins M. CHAPOUTIER est un hommage qui lui est rendu. Un signe d’ouverture, de partage, pour rendre le vin accessible à tous.