Les vins du Roussillon : un millésime 2019 équilibré et frais

La surprise de ce millésime 2019 en Roussillon vient de l’opposition entre les données météorologiques extrêmes et les vins qui sont tout en équilibre avec des tannins soyeux.


Un hiver doux et sec

Le moins que l’on puisse dire, c’est que nos vignerons n’ont pas été dérangés par la pluie pendant la taille. En effet, il ne tombera de janvier à mars que 50 mm contre 150 mm en moyenne habituellement. Nous entamions donc ce nouveau millésime avec l’inquiétude de manquer d’eau… déjà.

Un printemps froid

Nous avons tous retenu la canicule du début d’été mais une des autres caractéristiques de ce millésime 2019 sont les températures exceptionnellement froides du printemps. Un degré de moins en moyenne sur les mois d’avril et mai. Cette tendance a atteint son paroxysme sur la première quinzaine de juin. Nous désespérions que le printemps arrive enfin. Plusieurs nuits durant, la température passait en dessous des 8 °C, avec seulement 6 °C la nuit du 13 juin ! Cela n’était encore jamais arrivé dans le Roussillon à cette période de l’année. Ce phénomène a eu pour conséquence de retarder la floraison de plus de 10 jours ce qui nous a permis de rentrer par la suite en maturation après les très fortes chaleurs. Heureusement le mois d’avril nous apporte néanmoins un peu d’eau. Seul mois de l’année au-dessus des normes régionales avec 71 mm de pluviométrie.

Vignes Roussillon

Un été caniculaire

Début d’été caniculaire Sur la deuxième partie du mois de juin, nous sommes passés de températures équivalentes à celles d’avril à une canicule record.

Le 28 juin, nous avons atteint 43 °C et une moyenne journalière au-dessus de 30 °C. Cela fut un choc “thermique” pour la vigne ayant pour conséquence la brûlure du feuillage de certaine jeune vigne. Ce phénomène est toutefois restreint : 2 ha sur l’ensemble du Domaine Bila Haut. La végétation a heureusement réussi à repousser durant l’été.

Des petites pluies salvatrices

Les mois de juillet et août seront entrecoupés de périodes caniculaires au-dessus de 35 °C mais ce qui reste un phénomène habituel en Roussillon. Si sur certains millésimes il ne tombe pas une goutte de pluie sur les mois de juillet et août, cette année nous avons eu des petites pluies, notamment avec 15 mm le 9 juillet et 15 mm le 26 juillet. C’est peu, mais cela nous a permis de ne pas avoir de blocages de maturité.

Des vendanges plutôt tardives et une maturation très rapide

À l’exception des blancs de Chrysopée, les vendanges ont réellement débuté après le 10 septembre ce qui est plutôt tard ici. Comme nous l’avons vu précédemment c’est le froid du printemps qui a décalé le cycle de la vigne. Ce décalage a fait le millésime ! Les 9 et 10 septembre, il est tombé 30 mm de pluie. La quantité idéale pour que les baies qui commençaient à se déshydrater regonflent sans éclater. Ceci nous a également préservés des blocages de maturité qui auraient eu lieu inévitablement, vu le faible cumul des précipitations. Jamais sur notre secteur les maturités n’avaient été aussi groupées et aussi rapides. La vigne libérée de la sécheresse, les conditions climatiques parfaites du mois de septembre entre 25 et 30 °C, combiné à un bel ensoleillement, et une deuxième pluie modérée de 24 mm le 21 septembre ont dopé les maturations. Nous avons ramassé 80 % de la récolte sur deux semaines au lieu de quatre habituellement : ce fut la “course” !

 

En résumé, les périodes où le climat a été le plus extrême se sont déroulées hors de la période de maturation et donc n’ont pas impacté la qualité du millésime. Nous attendions toutefois un millésime un peu “dur”, ce n’est absolument pas le cas, les vins sont très équilibrés cette année : une belle concentration, de la fraîcheur, et toujours cette minéralité qui caractérise notre terroir rocailleux avec un fruit exceptionnel ! Les grenaches présentent en effet un très fort potentiel et se démarquent avec des tannins soyeux, de la fraîcheur et un fruit hors du commun.