La colline de l’Hermitage – L’Homme, la Terre, le temps

Quand on l’observe, on ne sait ce qui impressionne le plus. L’harmonie de ses lignes qui s’allongent à l’infini, dessinées par les rangées de vignes. Ou le nombre de terrasses et de murets en pierres sèches, donnant une idée du travail phénoménal qu’il a fallu produire pour en arriver là.

La colline de l’Hermitage est une rencontre entre les âges, les Hommes et les savoir-faire viticoles. Ses sols, uniques au monde, sont un trésor pour qui sait la comprendre.

Chez M. CHAPOUTIER, parler de vin, c’est parler de Terroirs. Plus exactement, faire parler les Terroirs. Ce qu’il y a de particulier avec la Colline de l’Hermitage, c’est qu’elle en compte plusieurs. Mosaïque complexe de sols, elle est aussi, très concrètement, le trait d’union géologique entre les Alpes, le Massif Central et le Rhône qui serpente à son pied.

Ses trois mamelons s’étirent de l’Ouest à l’Est sur 126 hectares. Entre chacun d’eux, des vallons se sont formés. Ils amènent aux vignes ombre et lumière suivant les moments de la journée. Des moments d’exposition, variables, qui constituent l’une des singularités propres à chaque parcelle, et donc à chaque vin.

La colline de l’Hermitage : une colline plurielle  

 
Ces spécificités, Michel Chapoutier les recherche depuis toujours. Son histoire est celle d’une rencontre avec les Terroirs, pour en déceler la plus sincère expression. Et ici, sur la Colline, l’histoire est fascinante. Car il n’y a pas un Hermitage, mais des Hermitage et autant de variations que de parcelles.

Le haut d’un coteau et son cœur n’auront pas la même expression. À l’inverse d’une tradition qui avait pour habitude d’assembler les parcelles suivant leur exposition (plateau, coteau, plaine…) en jouant de leur typicité, M. CHAPOUTIER procède différemment. L’idée est de révéler la signature de chaque Terroir, parfois en soulignant l’exubérance d’une singularité, tout en recherchant un équilibre. 
 

La colline de l’Hermitage : une minutie pour un écosystème respecté


Qui dit Colline dit coteaux. Et méthodes de culture appropriées. Ici, impossible de faire circuler un tracteur mais uniquement des chenillards étroits sur les plaines. Tout le vignoble est travaillé à la main, avec l’aide de chevaux pour guider le treuil et les charrues entre les rangs de vignes sur les coteaux.

Grâce à la biodynamie, l’intégrité de l’écosystème est respectée. Une condition incontournable pour ne pas trahir le Terroir.

 
La colline de l’Hermitage : des chevaux, des moutons et…


C’est une initiative de Michel… plutôt originale : nous avons accueilli en juillet quatre jeunes cochons nains néo-zélandais, de race kunekune. De vrais compagnons qui nous aident dans les travaux superficiels des sols : labour, suppression des mauvaises herbes et des racines. Sur de petits périmètres bien sûr. Mais sur un temps délimité, car les surfaces ne doivent pas être travaillées trop fortement. La chambre d’agriculture suit de près les résultats avec nous.

La colline de l’Hermitage : une colline à faire classer

Portée notamment par les vignerons de la Colline de l’Hermitage, l’initiative est de taille : faire classer les coteaux septentrionaux au patrimoine mondial de l’Unesco. Une démarche qui s’inscrit sur temps long, une décennie en moyenne. La première phase du projet consiste à produire une étude de la Colline de l’Hermitage et relever avec des experts l’ensemble des atouts qu’elle peut revendiquer. Le travail se fait en collaboration avec les communes, les collectivités locales, les acteurs du territoire, de façon à constituer un dossier solide. La Colline et les coteaux rejoindraient alors les 52 biens français inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

La biodiversité de la colline de l’Hermitage 


Faune, flore, insectes… M. CHAPOUTIER protège le vivant sur ces parcelles au moyen de zones préservées, d’arbres et de haies, de végétation à l’intérieur et aux abords des vignes. Des relevés floristiques sont réalisés et des nichoirs ont été mis en place, fabriqués la plupart du temps avec des caisses de vin recyclées.

Au-delà du maintien de la biodiversité, il semblait important d’en mesurer l’évolution. Un observatoire a été mis en place en 2020 par l’ODG de l’Hermitage. Sa mission s’élargit aux conséquences du changement climatique et aux variations qu’il impose sur la vie des plantes (ce qu’on nomme la phénologie). L’objectif est d’apporter un maximum de données qui pourront servir à de futures études. Ces observations suivent toute l’évolution du végétal (floraison, débourrement…), en lien avec les informations relevées par trois stations météo réparties sur le vignoble. Des drones sont aussi utilisés pour analyser les températures au sol et sur le végétal, en fonction des Terroirs.

En cours également, un recensement de la population de chauve-souris, qui permettraient à terme de nous aider à lutter contre les insectes nuisibles.