Le millésime 2023 dans le Roussillon : l'adaptation et l'harmonie signent ce millésime

Les Pyrénées-Orientales connaissent un début de printemps atypique, très sec, décalant même les dates de débourrement de quinze jours par rapport à 2022. 

S’il est devenu récurrent d’avoir des printemps secs, la quasi-absence de reconstitutions des réserves hydriques hivernales est une chose inhabituelle (50 mm sur le dernier trimestre 2022). Un déficit hydrique qui perdure tout au long de la saison et aujourd’hui encore. 2023 s’annonce comme l’année la plus sèche en Roussillon devant 2022 et 2016, avec 240 mm cumulés à fin août.

En conséquence, tout au long de la saison nous devons ajuster les travaux à la vigne afin de limiter les phénomènes d’évapotranspiration du végétal (écimages et rognages limités). En les combinant aux pratiques biodynamiques (composts biodynamiques, litières forestières) nous participons aussi à la préservation de l’humidité des sols.

Si la sécheresse de l’été 2023 persiste sur le secteur Latour de France, elle est ponctuée d’orages en juillet et en août qui donnent au raisin la possibilité de mûrir lentement pour obtenir une concentration optimale des sucres. Comme en 2022, nous avons très peu d’épisodes venteux (tramontane), ce qui est rare dans cette région mais limite le stress hydrique des vignes. Ces quelques orages ponctuels d’été contribuent à une véraison homogène et à une bonne évolution des baies, apportant un meilleur rapport solide/liquide.

Cet été globalement sec limite la pression cryptogamique et permet un état sanitaire exceptionnel des raisins, tout en réduisant drastiquement les traitements phytosanitaires.

Les chaleurs du mois d’août précipitent les dates de vendanges et nous devons revoir nos parcours de récolte afin de cueillir au plus juste les parcelles pour préserver les équilibres recherchés et éviter les excès solaires. Les parcelles sur Lesquerde doivent parfois être cueillies avant celles de Latour de France.

Les secteurs d’altitude où se situent nos vignes contribuent à avoir des nuits plus tempérées, ce qui maintient la fraîcheur aromatique des raisins. Et chose étonnante, malgré la canicule estivale, la préservation des acidités sur ce millésime permet d’obtenir des vins plus frais, avec une belle harmonie.

Toutes ces adaptations pour faire face à une saison sèche et à des périodes caniculaires donnent un millésime 2023 avec des vins soyeux et d’une grande complexité aromatique.

Le secteur Banyuls/Collioure n’a pas bénéficié des orages estivaux comme à Latour de France, mais de l’humidité marine du bord de mer, allant jusqu’à faire vivre quelques journées de tropicalisation au mois d’août où les températures diurnes et nocturnes étaient sans amplitude thermique. Mais ces embruns permettent de signer un beau millésime où nos cépages locaux, comme le Grenache, adaptés à ce climat, maintiennent un bel équilibre avec des vins à l’empreinte solaire, tout en conservant leur fraîcheur.